Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

Zao Wou-Ki est le peintre de deux cultures – c’est un franco-chinois qui ne renia jamais ce qu’il devait à l’art de la calligraphie qu’il a étudié lorsqu’il se trouvait en Chine. Il fut pourtant séduit par Klee ou Picasso qui impulsèrent à son oeuvre une dimension lyrique  éloignée de sa Chine natale. Paradoxalement, Zao Wou-Ki reconnait que  » dégagé de la Chine, (Il allait)  pouvoir aller à la rencontre de la Chine « , inspiré sans doute par cette absence , cette sensibilité millénaire de la peinture chinoise.

Une puissance méditative caractérise ses toiles dans lesquelles le spectateur entre comme on accueille le silence. Les traits sont violents dans certaines cassures, mais aussi apaisés car certaines lignes des tableaux sont comme gommées pour enjoindre la rêverie. En somme, en refusant la représentation d’un paysage, l’artiste peint l’éclosion des émotions multiples dans un processus de fusion et permet l’assimilation du spectateur au mouvement du pinceau. C’est un espace d’où jaillissent toutes sortes d’énergies, celles qui animent l’univers et détermine la nature.

 

La peinture de Zao Wou-ki s’inscrit dans le courant de » l’abstraction lyrique » dominé en particulier par Hans Hartung. La toile est le support d’un geste caractérisé par l’improvisation et l’émotion de l’instant. On est donc loin de » l’abstraction géométrique » qui se traduit par la rigueur et la répétition systématique du trait.

 

Il n’est donc pas étonnant que des poètes aient apporté leur contribution à l’oeuvre de Zao Wou-Ki dont l’art est proche de l’expression poétique. « Dans la poésie chinoise, rappelle Zao Wou-ki, peinture et poésie sont intimement liées, au point qu’il n’est pas rare qu’un poème soit écrit dans la partie vide du tableau ».

Michaux, le premier a écrit , à partie des  toiles de Zao Wou-ki, en les prolongeant de l’émotion poétique et de la créativité qu’elles lui avaient inspirées. Mais Bonnefoy, Claude Roy eux aussi ont réalisé des ouvrages majeurs – Claude Roy en tant que traducteur  et poète  et admirateur du peintre-. C’est ainsi que la métaphore du poème suit l’élan du pinceau, du geste qui rend heureux et serein: l’imagination imageante du peintre capte plus qu’un paysage. Le peintre capte la « nature » selon le  terme de Zao Wou-Ki. Les montagnes, les rivières, les torrents, les arbres ne sont pas représentés. Mais le vertige face à l’espace « du dedans » nous porte » au-delà » du sujet peint, au coeur d’une énergie vitale mais paisible.Ce qui nous fascine le plus, c’est la lumière guidée par le souffle  qui imprime le tableau et initie la méditation.

 

Un oiseau noir en littérature
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