ARTE diffuse actuellement le bouleversant documentaire « I m not your negro » de Raoul Peck, nommé aux oscars, lors de sa sortie, – (disponible aussi en VOD.)
A partir d’un texte inachevé de l’écrivain et essayiste, défenseur ardent des droits de l’homme et de la cause noire aux Etats-Unis, le réalisateur Haïtien signe un documentaire magistral sur la figure de James Baldwin.
Du ghetto de Harlem naît une conscience politique et une vocation littéraire
Né en 1924, James Baldwin passe son enfance dans le ghetto de Harlem dans une famille idéaliste qui sera pour beaucoup dans la démarche engagée du jeune homme. Il quitte les Etats-Unis en espérant trouver ailleurs le moyen d’apaiser les profondes frustrations d’un homme noir dans une société blanche violemment raciste.
Il a pour amis les deux grandes figures de la cause noire aux USA : Malcolm X d’une part, icône qui fait polémique au sein de la communauté Noire -Américaine et Martin Luther King d’autre part, adepte de la non-violence dans une Amérique à feu et à sang , puritaine et implacable en matière de ségrégation raciale.
C’est au travers de ces deux grandes figures que James Baldwin entend retracer l’histoire des Etats-Unis. Le texte restera inachevé. Mais il aura eu pour mérite de mettre en lumière l’humanisme complexe et introspectif de l’écrivain qui fut aussi dramaturge et poète.
L’indiencUn discours intégrationniste.
La mort de Malcolm X, puis celle De Martin Luther King, hautement symboliques, en passant par tant d’autres intellectuels ayant lutté pour faire entendre leurs revendications dans l’Amérique des Kennedy , laissent Baldwin blessé à jamais , fatigué et las de devoir sans cesse sur les plateaux de télévision où il est régulièrement invité, s’indigner de l’oppression et tenter un discours intégrationniste.
Le documentaire fait sans cesse référence au cinéma américain qui dit beaucoup de la société de l’époque. Ces extraits sont riches d’enseignement sur le traitement des noirs dont la difficulté existentielle immémoriale permet d’envisager les plus célèbres westerns. Le cinéma est un vecteur d’ une parole socio-politique incluant la cause noire. La dénonciation de l’hypocrisie sous le masque de la bienséance et d’un puritanisme froid et délétère ne peut laisser le spectateur indifférent puisque c’est sa propre indifférence dans la société contemporaine qui est pointée du doigt. James Balwdin refuse l’individualisme confortable et le matérialisme qui nuit à la pensée. Les yeux embués de larmes, le geste vif, la cigarette toujours à portée de main, James Baldwin est intellectuellement alerte, impeccable et élégant. Il condamne inlassablement la ségrégation et le sort réservé aux noirs hérité de la représentation utilitariste de l’esclave dans les champs de coton.
Juin 2020 : Un documentaire nécessaire.
Joey Star prête sa voix rocailleuse et ici sublime au récit de vie de James Balwdin. On sort de ce documentaire anéanti, pétrifié. On peut aussi en sortir selon les tempéraments, rassuré aussi de penser que l’art sous toutes ses formes revendique et se bat … engagée comme conscience morale et politique essentielle. Ci-dessous la photo émouvante de Martin Luther King devant le portrait de Gandhi, chantre lui aussi de la non-violence.
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