Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

 

Que dire de ces silhouettes évanescentes qui paraissent disparaitre dans le geste qui les fige. La posture des bras, des mains pose le sujet dans une délicate et fuyante harmonie. Rodin suggère son sujet plus qu’il ne le peint, saisit l’instant où le pigment coloré s’évanouit en vagues courbes. Les visages n’apparaissent pas distinctement. Peindre la physionomie n’est pas le projet ici pas plus que saisir la matérialité des corps.  La peau du visage, des bras et des jambes est rendue par des nuances brunes, le plus souvent réhaussées de gouache. La mine de plomb donne la ligne du corps et du costume. Ce qui s’impose au regard, c’est l’émotion et l’attendrissement esthétique que propose le sujet dans sa posture. A cette proposition du geste comme langage universel, Rodin adhère parfaitement. Les dernières années de son existence sont en effet marquées par une réelle admiration pour l’Extrême -Orient et le continent Asiatique. Mais la démarche n’est pas d’ordre anthropologique.

Un oiseau noir en littérature
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Le mouvement comme langage universel

Il s’agit d’articuler une fascination pour le geste et la restitution de cette émotion dans l’image floue. L’équilibre entre le vide de l’arrière -plan et le plein du corps en mouvement modifie notre perception. Nous sommes absorbés dans une image colorée qui se meut, dans une nuance qui élargit le sujet. Le trait en effet n’est pas coordonné à la couleur. Il est en -deçà ou au-delà. De cet entredeux, surgit soudain l’impression d’un mouvement qui fait sens sous nos yeux. Les lignes sont courbes comme un battement d’aile. Le pinceau trempé d’eau se frotte aux pigments pour ensuite venir d’un geste qui peut paraître aléatoire, se fondre à la texture du papier et proposer au regard le geste esquissé ou tenu dans l’effort.

La quintessence du geste.

Rodin saisit l’essentiel, ne s’encombre pas du contingent et réduit l’esquisse à la pose, ouverture du corps par la courbure et l’attitude qu’elle suggère. Le geste du peintre est jubilatoire et tendre. Son travail atteint ici la grâce propre aux estampes dont on sait qu’il fut un fervent collectionneur.

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