Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

Le sourire est une forme d’expression qui ne doit à rien au maniement d’une langue. On pourrait dire qu’il est un métalangage qui irradie tout un visage mais ne peut être clairement localisé. Les yeux sourient tout autant que la bouche dans l’étirement de la peau vers les tempes.
Que révèle le sourire de notre rapport aux autres ?

Mai 2020, un temps pour sourire

Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

L’envie d’écrire sur le sourire m’est venue naturellement en cette fin mai alors que dehors le bruit de la ville imposait à nouveau son rythme. L’autre dans la rue dont nous avions évité le regard et donc la présence redevient à ce jour mon semblable. Il avance, fragile et fort à la fois, ayant connu les tracas du confinement et les inquiétudes d’un horizon sans perspectives claires.
Sourire et accueillir l’expression de vie que l’autre me soumet dans l’instant d’un rictus. Sourire donc pour accueillir à notre tour la jointure qui se fait entre deux êtres sans intention particulière que de rappeler notre humanité. Nous sommes des êtres pensants mais surtout et avant tout des êtres d’émotions données à voir sans le vouloir vraiment. L’élan de tout un être dans son sourire le dévoile…
sans doute plus qu’il ne le voudrait. Mais le sourire est impossible à rattraper. Il est toujours trop tard pour revenir sur ce don de soi qui s’est glissé dans les interstices du hasard.
Et ce hasard fait bien les choses car à notre tour nous sourions, surpris par la simplicité de ce visage qui s’est dérobé aux usages pour mieux dire l’humanité reconciliée un instant entre deux inconnus.

Accueillir, recueillir, enjoindre

Je l’avoue, j’aime sourire. J’aime aussi qu’on me sourit car un sourire indique avec bienveillance ce vers quoi on peut se laisser aller, désamorce les réticences et tisse des liens tacites. Je ne suis pas dupe des sourires » forcés » par l’usage sur les photographies, cadrés, encadrés par la pose. Mais quoi de plus réjouissant qu’un sourire qui tend vers l’éclat de rire, reste de de notre spontanéité d’enfant !

 

Le sourire du nourrisson

Que dire alors du premier sourire qu’un nourrisson adresse à sa mère, ou à l’autre qui lui sourit. Il entre par là dans une tension qui émerveille. Blotti dans les oreillers, au petit matin, il exprime autre chose que le besoin de l’apaisement d’une soif. Le souvenir de l’effervescence qui entoure ce moment reste pour les parents un don inoubliable, un instant excitant et magique, un moment presque d’allégresse.
Du moins, le premier sourire de mon propre enfant m’est parvenu comme le plus beau sourire, de la bouche jusqu’à l’amande des paupières, dans le halo d’une chambre dans laquelle flottait un parfum de fleurs, de lait, de joie pure. Certes, j’ai conscience de la banalité de mes propos mais quel parent n’a pas vécu cet instant comme l’irréversible élan de la vie, tant le sourire est le signe d’un mimétisme. Sourire fait entrer dans l’humanité tout entière le bébé. Son sourire advient et nous sommes bouleversés par la réalité tangible de ce petit visage qui répond au sourire par un sourire qui vient de si loin qu’il nous ensoleille.

Un oiseau noir en littérature
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Philippe Devret a écrit en 1999 un essai  Le sourire intéressant et très réussi sur toutes les formes de sourire aux éditions Gallimard . Il passe en revue le sourire du traître, de la Joconde, des formes archaïques du sourire jusqu’à son expression contemporaine.

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