L’auteur de ce discours , outre l’amitié qui le lia à Michel Eyquem de Montaigne , est aussi connu pour sa capacité à penser les paradoxes. Le titre de son discours est une belle preuve de ce comportement collectif d’adhésion spontanée à une cause , si anti-humaniste soit-elle.
La servitude selon La Boétie serait même ardemment souhaitée, envisagée par atavisme ou bien pensée comme le plus clair moyen de ne pas se préoccuper du bien public. C’est donc moins le tyran lui-même que stigmatise La Boétie que le peuple même qui préfère la satisfaction facile des plaisirs matériels à la responsabilité du citoyen à oeuvrer pour le droit le plus fondamental : la liberté.
Ainsi , les peuples eux-mêmes, moins victimes que complices coopèrent à la mise en place d’un système tyrannique qui les privent de leur liberté individuelle à ’opposer . « Le tyran n’a de puissance que celle que les hommes lui donnent » explique La Boétie . En reléguant l’exercice du pouvoir comme conséquence directe d’un manque de discernement et d’intérêt quant à la chose publique , La Boétie va bien au-delà d’une simple condamnation de la monarchie absolue. Il nous invite à réfléchir à notre rôle dans les sociétés libérales qui sont les nôtres. En s’attachant aux plaisirs matériels qu’offre la civilisation d’aujourd’hui, les individus oublient la nécessité de penser le Politique selon le principe du Droit et du Devoir. Obligation de s’en préoccuper si l’on ne veut pas que l’exercice du pouvoir ne devienne le fait d’une oligarchie agissant pour ses propres intérêts et refoulant le principe d’équité et d’égalité. La démocratie impose une surveillance constante pourtant.
Le risque de manipulation est réel quand le citoyen se désinvestit de la chose publique au profit de la recherche indéfinie de divertissements pluriels qui tous rappellent les fameux jeux du cirque dans l’Antiquité. Individualiste et refermé sur ses croyances , il est sa propre menace pour son intégrité citoyenne et sa conscience individuelle. Aussi certains d’entre nous vivons assez mal les injonctions contradictoires d’un gouvernement qui dictent nos conduites et leur contraire dans une crise sanitaire inédite qui laisse l’homme démuni. Quel choix pouvons-nous faire ? Quel choix devons-nous faire pour ne pas assister à la limitation de nos libertés , de façon pérenne .
Ayons le courage , comme Edgar Morin invite à le faire, de croiser les informations pour se faire une idée juste de ce qui nous arrive. C’est à cette condition , plus quelques autres que nous surmonterons cet évènement tout en préservant un regard vif sur ce qui oblige l’individu dans toute démocratie.
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