Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

National Gallery

Voici la célèbre  petite danseuse de Degas, peintre inspiré par le monde de la danse.

Cette »petite danseuse de 14 ans » choqua beaucoup lors de sa première exposition. D’abord elle était en cire, ce qui n’était  pas considéré comme un vrai matériau artistique. Elle est ici en bronze.

Ensuite, elle est habillée , alors que cette pratique était de vigueur au seul musée Tussot. Degas l’avait d’abord exposée avec de véritables chaussons, une queue de cheval achetée chez un marchand de poupées , son tutu et un corsage de soie. Ne reste  que le tutu , seul artifice et souvenir de sa première apparition, et le noeud disposé autour de la chevelure de la ballerine.

Bref, c’est la première sculpture naturaliste, loin des modèles académiques en vigueur.La danseuse est d’un milieu très pauvre et la misère est dévoilée par l’inégalité du tissu qui composent le bas du tutu. Elle était peut-être laide comme le laisse voir le visage et comme l’attestent les heures de pose . Ici, Degas n’embellit pas son sujet mais lui donne cet air fermé qui contraste avec la grâce habituelle des danseuses. Camille Laurens , autrice contemporaine a récemment publié un roman sur cette « petite danseuse de quatorze ans » en révélant les faits qui avait amené l’enfant  dans l’atelier de Degas.  Etre danseuse à l’époque n’est pas une condition enviable. La bourgeoisie masculine exprime son désir  trivial de jouir de tout, se targue de posséder sa danseuse, sa ballerine, et de fait sa prostituée. Ce monde du Second Empire laisse un goût amer de débauche et d’exploitation des plus pauvres par les puissants.

Elle reste une sculpture d’une modernité qui interpelle . Tout en retenue et arquée dans sa cambrure , elle livre sa condition misérable dans son minois froid qui ne fait pas face au spectateur..