Christian Bobin a le talent de s’émerveiller de peu. Un hortensia, un  moineau, une feuille de houx  suffisent à faire naître des émotions et donc des images d’une justesse époustouflante. C’est dire toute l’attention qu’il porte aux choses de la nature, non consommables, mais qui sont vitales pour un homme qui se plait dans la solitude. Il y trouve des réserves d’étonnement sans cesse renouvelées. L’écriture du fragment s’invite dans cet éloge du presque rien.

Le silence se suspend entre les lignes concentrées en un centre qui exprime une fulgurance, une illumination de l’ordre de l’évidence. Il définit la joie comme une sidération. Chaque mot , on le devine est pesé et pourtant en l’entendant parler , il semble qu’écrire pour lui soit le prolongement naturel de la pensée, comme une hémorragie d’écriture qui prend sens dans la phrase – parfaitement à sa place. Lire Christian Bobin invite à la digression, à l’émotion légère comme une brise . Ce n’est pas qu’il n’ai pas connu la douleur, la perte , le deuil. Tout ceci , il le recueille dans le texte qui fait mémoire mais ne pèse pas d’une profonde mélancolie. L’homme sait garder intact « le sentiment de la vie » et a appris  » à ne jamais déserter le point d’émerveillement et de sidération qui seul permet à l’âme de voir ». (Ch Bobin – interview- L’express )

Un oiseau noir en littérature

Pour l’écrivain qui sur France Inter s’exprimait récemment sur le confinement,  » résister, c’est respirer, c’est prendre appui sur ce qui existe vraiment, et ne pas donner la moindre chance au nihilisme partout régnant ». C’est dire qu’un lieu même étroit suffit à ce sédendaire du Creusot qui fuit les mondanités parisiennes pour s’élancer vers la joie pure. Grand admirateur de Bach , il puise dans l’art de la fugue du compositeur  le sens de l’intime, dans la régularité métronomique du piano qui finit… dans un souffle, une inspiration qui le place à l’unisson du monde.

Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature