En cette époque où les radicalités s’exacerbent , je voudrai dire ici ce que l’esprit de la nuance peut pour nous tous.
Anti et pro s’opposent sur bien des sujets et les évènements que nous affrontons renforcent une tendance déjà bien présente en l’homme de percevoir le monde à travers son seul prisme.
La complexité des relations dans le monde, mu par des prérogatives que tout oppose, est souvent reléguée à sa plus simple expression – le bien et le mal, le beau et le laid, le désirable et l’indésirable, le juste et l’injuste…La liste de ces contradictions alignées pourrait être longue et les divisions entre dogmatiques plus terribles encore.
En ces temps de crise post-démocratique, où les positions tranchées obligent les indécis à opter pour ou contre deux aspirations, ne serait-il pas sage de soumettre notre jugement à la nuance ? Montaigne prônait une forme de scepticisme, non dénué d’esprit critique mais dépourvu de croyances infondées. Cette fin d’année 2020 a vu le débat démocratique s’enliser et les slogans remplacer les paroles pondérées par la nécessaire réflexivité sur l’élaboration de notre pensée. Le climat est celui de la guerre contre un ennemi invisible et le lexique s’emballe et divise quand il s’agirait de s’unir pour trouver en nous tous, une direction bonne à tenir pour la Vie.
Il ne s’agit pas de ne pas agir . Il s’agit de construire un terrain d’entente et de s’y engager en tenant compte des divergences de chacun. Donc oui, débattre avec l’objectif commun d’une transition qui ne pourfend aucune attitude mais s’efforce de comprendre et surtout de dépasser . A force de convictions contrariées, nos sociétés évitent toute délibération au nom d’un pragmatisme dont on ne sait plus très bien à qui il profite.
Penser la nuance n’est pas agir. Mais le doute reconnait la relativité des positions. La crise sanitaire joue ici un rôle crucial et inédit. Certes, personne ne l’a souhaité mais elle apparaît comme la conséquence de certains de nos manquements. Elle place chacun à sa place, soit , face à sa responsabilté d’individu.
La nature nous rappelle que nous faisons partie du monde. La dégradation des conditions matérielles de vie pour les plus fragiles d’entre nous rappelle que nous ne sommes rien sans l’autre. C’est ensemble et dans un consensus qui dépasse toutes les divergences que nous devons inventer un lieu pour y vivre en paix et dans le double respect de soi et de l’autre.

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