« Yuko Akita avait deux passions

 le haïku

 et la neige. »

Maxence Fermine

Un oiseau noir en littérature

Neige, premier roman de Maxence Firmini, et phénomène littéraire mondial est une merveille.

Ce roman très concis se compose autour du motif de la neige et fait un portrait très subtilement suggéré du Japon au XIX°.  Le récit se meut en quête initiatique, celle d’un jeune homme de 17 ans qui veut devenir poète contre l’avis de son père.

La quête de soi

 La quête identitaire du jeune Yuco passe d’abord naturellement par un rejet d’un modèle paternel imposé puis un apprentissage conscient et discipliné de l’art si difficile du haïku.

Un conte initiatique

Deux maîtres, un ancien Samouraï ainsi qu’un vieux peintre aveugle, nécessaires passerelles vers une expression poétique exigeante et codifiée accompagneront un temps le jeune homme en quête d’absolu. S’y joint la fameuse « Neige », « la femme des glaces » dont le jeune homme découvre le cadavre prisonnier des glaces au cours de sa traversée des montagnes Japonaises. Neige fut funambule sur un fil tendu au-dessus du vide, dans une quête d’absolu qui rejoint celle du jeune homme, mais qui est tout aussi stérile en ce qu’elle refuse le réel et l’impermanence de toutes choses. Or ce principe Bouddhiste fondateur est la seule voie possible pour s’extraire de l’hiver éternellement glacial et morbide.

Pour advenir, le jeune poète doit accepter de s’inscrire dans le temps de la Nature pour en faire émerger la richesse dans l’acceptation de sa destinée d’homme. La rencontre avec une jeune fille prénommée « flocon de neige » permettra à Yuco de s’ouvrir à la vie qu’il refusait jusqu’ici et introduire les infinies nuances de chaque instant dans ses poèmes.

« Qu’est-ce que la poésie ?»

Ce récit invite à s’interroger sur ce qui définit la vérité poétique selon la culture asiatique. Pour nous y aider, ce court chapitre suffit à rendre compte de l’attention très subtile aux phénomènes infimes de la vie même.

« Un matin, le bruit du pot d’eau qui éclate dans la tête fait germer une goutte de poésie, réveille l’âme et lui confère sa beauté. » L’instant est décisif pour qui est alors porté à dire l’indicible, à restituer dans sa pureté l’effet synesthésique de la sensation soustraite au champ de la conscience.

Il s’agit de faire ressurgir en soi la beauté impersonnelle de la poésie dans un cheminement au cœur même de la Nature. Le poète dévoile sans transfigurer, sans sublimer. Son rôle n’est pas d’anoblir l’expérience ordinaire mais de percevoir la noblesse au sein même du détail infime de la vie ordinaire.

 

Un oiseau noir en littérature
Un oiseau noir en littérature

La poésie suppose l’acceptation des variations du temps qui passe, de sa régénération selon le rythme périodique des saisons, qui ordonne les incessantes fluctuations de la Nature. Le poète est sage, celui qui admet le caractère périssable de toutes choses et la destinée linéaire qui nous définit. Posant son regard sur le monde, il accepte de se recourber et de s’arrondir pour épouser puis se dissoudre dans le cercle éternel des métamorphoses.

Un oiseau noir en littérature