Fragments libres sur l’Art et autres
Ecrites alors qu’il se trouvait à Guenersey, mais parues de façon posthume, les Proses philosophiques de Victor Hugo constituent des réflexions librement agencées sur le thème de la Beauté, de l’Art et du goût en matière artistique.
L’auteur y exprime son admiration vive pour la beauté indicible du Cosmos puis se livre à des réflexions fragmentées sur l’élan imaginatif et créatif de l’artiste.
» Toute oeuvre d’art est une bouche de chaleur vitale; l’homme se sent dilaté. La lueur de l’absolu, si prodigieusement lointaine, rayonne à travers cette chose, lueur sacrée et presque formidable à force d’être pure. L’homme s’absorbe de plus en plus dans cette oeuvre; il la trouve belle; il la sent s’introduire en lui . »
De la nécessité de l’admiration dans le processus créatif.
Celui qui affirmait « Je veux être Chateaubriand ou rien » devient écrivain en raison de l’admiration qu’il porte au génie créateur de Chateaubriand. Il devient le mythique artiste du XIX°, universellement admiré à son tour. Il se livre dans ses proses philosophiques à des exercices d’admiration, subjugué par la beauté du monde qui le dépasse. L’admiration, selon lui, fait partie du processus créatif, car admirer élève celui qui est touché par la grâce de ce qui le laisse sans voix. L’homme absorbe ce point de mire posé par l’artiste. L’admiration en principe rejaillit sur soi car elle nous élève, nous décentre dans l’allégresse d’une confiance en soi insufflée par l’absorption et la compréhension de l’objet d’art
Une porte ouverte sur l’univers.
Nous sommes transportés, autrement dit transformés. Et c’est bien de cela dont parle Hugo lorsqu’il écrit ces mots sur le caractère illimité de l’art : « L’éclair est immense, quelque chose qui resplendit, et qui est brusquement surhumain, voilà le génie. De certains coups d’ailes suprêmes. Vous tenez le livre, vous l’avez sous les yeux, tout à coup il semble que la page se déchire du haut en bas comme le voile d’un temple. par ce trou. voile d’un temple. Par ce trou, l’infini apparaît. Une strophe suffit, un vers suffit, un mot suffit. Le sommet est atteint. Tout est dit ». Hugo insiste sur la capacité donnée à l’admirateur de voir alors les étoiles, portes ouvertes sur le Cosmos.
» Le poète qui voit plus que l’art , le poète qui dans la poésie voit l’homme, le poète qui civilise à bon escient, le poète, maître parce qu’il est serviteur, c’est celui-là que nous saluons » – A propos du génie.
Il est assez paradoxal qu’un écrivain aussi admiré, voire idolâtré fasse preuve d’une telle humilité en reconnaissant spontanément la puissance fortifiante d’un sentiment tel celui de l’émerveillement.
Et que dire du génie ?
Sa définition du génie emprunte à la sublimation du réel, qui selon lui, libère le vrai, l’authentique au fond même de la vie. Le chef-d’œuvre permet qu’on s’absorbe dans l’intuition de l’artiste, « un homme a un autre cœur » reconnaît V. Hugo mais qui de sa place entretient une relation magique avec le spectateur de sa pensée.
L’artiste se définit par la mission qu’il se donne ainsi. « L’art a comme sa flamme, une puissance de sublimation….Chose surprenante et ravissante à affirmer, la mal entrera dans le beau et s’y transfigurera. Car le beau n’est autre chose que la sainte lumière du bon ».
» Savoir admirer est une haute puissance »
Il est possible de se procurer les Proses Philosophiques de V. Hugo chez Starebooks. « Philosophie Magazine » a eu la bonne idée d’en publier certains extraits dans » son carnet central « -N°137( mars 2020 )
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