Fabienne Verdier est une plasticienne contemporaine dont le parcours artistique relève de la quête d’une unité primordiale qu’elle fait émerger d’un unique trait précis de pinceau sur des supports monumentaux
Le trait unique
La pensée et la méditation TaoÏste, tout autant que la pratique artistique, inspire la plasticienne à son retour en France. Elle travaille sur la technique « du trait unique » sans possibilité de retour et donc accomplit le geste radical qui selon la philosophie Chinoise « est la racine de tous les phénomènes ». ( Fabienne Verdier dans l’Unique trait de pinceau )
l’ apprentissage de la calligraphie
Sa pratique picturale doit beaucoup à son séjour en Chine où pendant 10 ans, elle apprend l’art exigeant de la calligraphie auprès d’un maître. Elle fut formée ainsi à la technique du trait , suggestion d’ une communion profonde de l’artiste à la nature. Un tel rapport au minéral et au végétal est rendu possible par l’adéquation de l’âme de l’artiste et « du principe qui régit toutes choses ». La pratique de cet art millénaire de fait repose sur un processus ascétique et bien, spirituel. Elle apprend à peindre debout, ce qui engage le corps tout entier dans l’acte créateur. On est, dit-elle « à la verticale, avec une réserve de couleur dans le pinceau » . L’approche du sujet est tout autre qu’en Occident
La recherche de l’Unité primordiale
Fabienne Verdier excelle dans la transmission de cet apprentissage minutieux qui conduit à faire apparaître l’Unité derrière la diversité des manifestations sensibles du réel. Son itinéraire d’artiste met en œuvre la quête de cette Unité primordiale, forçant le spectateur à remettre en question sa relation au monde. Ce n’est pas en effet par la figuration que l’artiste souhaite exprimer cette énergie mais par le questionnement incessant sur les forces à l’œuvre dans la Nature. Elle développe sa propre peinture abstraite qui doit à son étude des peintres Expressionnistes abstraits et des Minimalistes américains.
Elle recherche essentiellement à peindre et non dépeindre l’énergie comme principe de vie, derrière l’apparente immobilité du trait. Tout se joue dans le commencement. La matrice de son art repose sur le trait unique qui va à l’essentiel en-dehors de toute référence contingente.
Le Walking Painting
Le pinceau devient monumental pour engager ce mouvement vertical du corps. Fabienne Verdier fait fabriquer d’immenses pinceaux, à partir de plusieurs queues de cheval. Plus récemment, elle greffe au pinceau à un guidon de vélo de façon à accompagner la courbure du trait, l’arrondi parfois jusqu’à la jointure du commencement et de la fin du geste unique.
Elle est ainsi à l’origine d’une nouvelle technique picturale qu’elle nomme « Walking Painting ». En dématérialisant le pinceau traditionnel pour le remplacer par une réserve de matière, elle peut moduler le débit de l’encre ou de la peinture, noire ou de couleur selon les supports.
C’est donc d’un paradoxe que nait l’intensité de la toile : détruire le motif pour ne garder que l’énergie qui s’en dégage. C’est une pratique éprouvante physiquement sans doute car la vibration du trait surgit dans l’immobilité de la composition.
En 2018, elle réalise l’affiche pour le célèbre tournoi de tennis « Roland-Garros ». La réussite de cette création ne provient pas de la représentation figurative de la balle de tennis mais de la puissance suggérée par le trait, de son rebond sur le court. Le fond ocre sert de tremplin à l’instigation d’une gestuelle très maîtrisée par la courbe blanchâtre et large, constellée de micro-tâches pour renforcer le relief.
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