Un oiseau noir en littérature

Ce n’est pas de peinture ni de livres dont je veux parler ici mais d’une série élevée au rang de chef-d’oeuvre.

La saison 1 s’achevait sur un tragédie: la mort d’un être chéri et incompris, un époux, un fils, un frère, selon des liens familiaux tous complexes. Il en va ainsi de cette famille où tout tourne autour du pouvoir du père, pasteur Luthérien rigoriste et autoritaire.

Dans la saison 2, la figure de l’enfant permet une subtile ascension de l’obscurité du chagrin à la lumière qu’il faut entendre dans son acception spirituelle mais ne pas s’en contenter. Après les errements et le désastre de la perte dont tous les protagonistes se sentent coupables , chacun trouve à sa manière le chemin d’une merveilleuse résilience, rendue possible par la vie de ce petit enfant privé de père. Le prolongement de l’un à l’autre se fait dans la souffrance puis dans l’évidence d’un amour apaisé de toutes les tensions de la première saison. Ici, le réalisateur convoque Kierkegaard , théologien et philosophe  danois, confronte le discours de la religion et de la psychiatrie dans un Danemark très sécularisé dont la religion Luthérienne est religion d’état depuis 1536 . Le père et le fils aîné se réconcilient dans un pardon mutuellement exprimé et librement assumé sur le mode de la rédemption et du dépassement de soi. C’est donc bien d’une sortie vers la lumière , vers la vie dont il est question dans chaque épisode qui est en soi magistral et bouleversant.

Cette série produit la catharsis d’une tragédie et nous amène aux seuils successifs de l’émancipation par le choix délibéré de la vie. Briser la lignée pour reconnaître nos imperfections est la condition d’un salut et passe par la présence d’un petit enfant , source d’amour et de réconciliation, source de lumière et de tolérance. Cette série est servie par des acteurs dont la photogénie éclate dans les gros plans nombreux Les visages sont les filtres d’émotions intenses et bouleversantes et attestent le lent processus vers la vie recommencée.