» Le pigment préféré du peintre est le bleu outremer, à base de lapis-lazuli, qui contraste avec le jaune et l’ocre. Ce bleu sert de base à toutes les ombres «
» La femme en bleu lisant une lettre » est une toile du maître Baroque Vermer de Delf tout à fait mystérieuse. On y voit une femme de profil, visiblement enceinte – malgré le peu de conformité du sujet à l’époque -, concentrée sur la lecture d’une lettre dont le contenu échappe au regard . Scène d’intérieur donc, scène intimiste vidée de tout signe explicite qui en rendrait la lecture plus simple. Est-ce une lettre d’amour ? La lettre elle-même se dérobe à la vue du spectateur tout comme le visage de la jeune femme qui ne laisse paradoxalement apparaître aucune émotion . La femme est bien identifiée comme sujet , possédant une vie intérieure qui lui est propre , saisie ici dans l’attitude parfaitement concentrée du recueillement absolu mais impénétrable . Ce qui frappe, c’est le bleu de sa veste d’intérieur et la lumière inouÏe sur son visage dont la peau paraît presque translucide. Vermer capte la couleur en faisant le choix d’un cadrage étroit et d’une légère contre-plongée. Le bleu inonde d’ailleurs la composition par correspondance à des détails du décor – les chaises, l’élément qui porte la carte géographique dont nous voyons presque rien non plus et qui fait écho à la lettre elle-même- Ce qui émeut est le souci du détail probablement rendu possible grâce à l’utilisation d’une caméra obscura – dont l’usage est attesté dès le XVII° siècle dans la peinture – . Le tableau relève de la scène de genre , la jeune femme est saisie dans l’instant suspendu de sa lecture qui la soustrait au monde, donc au spectateur, qui se trouve à son tour plongé dans sa propre méditation.
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